Les histoires d'amour ne commencent pas sur internet, en géneral
Même si la croyance se répand que les sites de rencontres amoureuses sont devenus un moyen privilégié de trouver l’âme sœur. Une enquête de l’Institut national d’études démographiques (INED), publiée mercredi 10 février, fournit les premières statistiques fiables sur l’amour en ligne en France. Le phénomène est ainsi ramené à ses justes proportions.
Selon cette enquête, le chiffre des inscrits sur un
site de rencontres grimpe jusqu'au 18 % en incluant l’usage des 18-25 ans. Les utilisateurs y nouent
surtout des relations éphémères (sauf pour les couples homosexuels, qui y
trouvent souvent des partenaires durables). Parmi les personnes ayant
connu leur conjoint actuel récemment, c’est-à-dire entre 2005 et 2013,
moins de 9 % l’ont rencontré par le biais d’un site.
Pour trouver un conjoint, les sites
arrivent en cinquième position derrière les classiques indémodables que
restent le lieu de travail, les soirées entre amis, les lieux publics, et l’espace domestique (chez soi ou chez d’autres).
Parmi les personnes interrogées, 7 % disent avoir connu des relations « moins importantes »
par ce biais, de nature amoureuse ou sexuelle. La rencontre numérique
serait-elle par nature superficielle ? C’est plutôt que les
protagonistes affichent plus clairement leurs intentions. « Il n’y a pas d’ambiguïté sur pourquoi on est là, ce qui facilite les rencontres amoureuses et sexuelles, explicite Mme Bergström, auteure de l'enquête. Ce sont aussi des rencontres discrètes, loin du regard de l’entourage. » Ce qui ne veut pas dire que des histoires d’amour durables ne peuvent pas y naître…
L’usage des sites s’est démocratisé : les utilisateurs ne sont plus seulement des cadres vivant en ville. Mais l’enquête
révèle des usages très variables selon l’âge, le sexe et le profil des
utilisateurs. Les jeunes y ont davantage recours (29 % des 26-30 ans se
sont déjà inscrits), contre 12 % à 14 % des 40-50 ans.
« Il y a un effet de génération, commente Mme Bergström. Ce
sont des personnes socialisées aux pratiques numériques. C’est aussi un
effet d’âge : c’est parmi les jeunes que l’on compte le plus de
célibataires. »
Les jeunes hommes y ont plus recours (36 % des jeunes hommes
interrogés, contre 23 % des femmes), car ils se mettent en couple stable
plus tard et sont donc à la recherche de partenaires. En revanche, la
courbe s’inverse en faveur des femmes aux âges plus avancés, car elles
sont plus nombreuses à vivre seules.
Bien qu’elle soit moins utilisatrice,
c’est paradoxalement pour une population plus âgée, composée de
personnes séparées ou divorcées, que les sites jouent un rôle de plus en
plus important pour trouver un conjoint. Entre 2005 et 2013, 10 % des
secondes unions résultent de rencontres en ligne, contre 5 % des
premières unions. « Les jeunes sont aussi là pour flirter et mesurer leur attractivité, ils ont de nombreuses autres occasions de rencontres, explique Mme Bergström.
d'après Le Monde.fr