vendredi 10 mai 2019

BEN JELLOUN ET LE GONCOURT DE POÉSIE

Prix Goncourt de la poésie: l’émouvant hommage de Tahar Ben Jelloun à Yvon Le Men

Aujourd’hui le Goncourt de la poésie a été remis à Yvon Le Men pour l’ensemble de son œuvre. Lors de cette cérémonie, l’écrivain et poète Tahar Ben Jelloun a tenu un discours fort. Le lauréat en a été très touché. 


«Vous êtes un troubadour, un voyageur qui porte le poème dans des lieux parfois improbables, parfois sur des scènes importantes ; vous êtes le messager d’une parole toujours vive, urgente et rarement paisible. La poésie vous habite au point où toute votre vie lui est consacrée. Vous allez d’une ville à un village, d’une plaine à une prairie dire, réciter le poème qui a besoin d’être dit pour vivre, qui a besoin d’être entendu pour poursuivre son chemin vers d’autres écoutes.
Vous êtes un poète du terrain, un observateur sans relâche, vous scrutez la terre, vous êtes dans la vie concrète et aussi invisible et vous dites vos poèmes. 

C’est parce que vous êtes absolument convaincu que la poésie sauvera le monde, un monde de plus en plus inquiet, malade ou inconscient. Vous êtes certain que seule la poésie fera se lever des consciences et peut-être entamera un réveil sain et nécessaire. 

«Vous transmettez avec bonheur votre rage et votre émerveillement»
C’est parce que vous considérez que «le poème est le plus court chemin d’un homme à un autre» (Eluard), que vous êtes un passeur, vous transmettez avec bonheur votre rage et votre émerveillement.
Comme Kateb Yacine qui est arrêté un jour à Sidi Bel Abas par un vieil homme ne sachant ni lire ni écrire et lui dit «tu es Kateb, c’est-à-dire écrivain, alors assieds-toi et écoute-moi», il vous est arrivé, vous aussi d’être interpellé dans une rue à Lannion par un inconnu qui vous dit: «Toi t’es poète, t’as le temps, tu m’écoutes»!
Vous l’écoutez parce que le poète est aussi celui qui écoute le monde, qui prend le temps de recueillir les paroles de ceux qui passent, comme «ces hommes des mains fatiguées avant l’heure/ qui ont bâti la maison de mes poèmes»
[...]
SOURCE:  http://www.lefigaro.fr/livres

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