Les profs doivent-ils aimer leurs élèves pour les aider à réussir ?
Malgré l’accumulation de données sur la place des émotions et des
sentiments dans les apprentissages, nombreux sont les acteurs du système
éducatif qui considèrent encore que les affects n’ont pas leur place à
l’école. Une norme demeure solide en France : les enseignants doivent
faire preuve de distance professionnelle avec les élèves. Cette norme,
faute de s’appuyer sur une conceptualisation claire, laisse souvent
penser qu’il ne faudrait pas établir de lien affectif avec ses élèves.
Pourtant, les chercheurs ont accumulé, depuis deux décennies, une
quantité impressionnante de résultats indiquant que la relation
enseignant-élève, lorsqu’elle permet l’établissement d’un lien affectif
sécurisant, favorise les apprentissages et, au-delà, le développement psychosocial des enfants et des adolescents.
Quelques analyses d’ensemble montrent que les conclusions de différentes études sur le sujet convergent.
En particulier, la relation affective entre un élève et un enseignant a
des effets positifs – motivation, persévérance et réussite scolaire,
sentiment d’appartenance à l’école mais également adaptation
psychosociale en dehors de l’école – et ces effets peuvent encore
s’observer plusieurs années après. Il est étonnant que l’institution éducative française n’ait pas encore intégré les conclusions de tous ces travaux.
Implication personnelle
En cherchant à évaluer les attitudes des enseignants qui soutiennent
la construction d’une relation sécurisante avec les élèves, il est
intéressant de questionner leur engagement affectif. Y a-t-il un intérêt
à aimer ses élèves, dans le sens d’un amour altruiste ? On entend par
là « une attitude centrée sur la préoccupation, la sollicitude et la
tendresse, ainsi qu’une tendance à soutenir, aider et comprendre les
autres ».
En utilisant une version de l’échelle d’amour altruiste adaptée pour les enseignants, il a été possible d’observer un lien
entre l’amour des enseignants et la qualité de la relation
enseignant-élève, que cette dernière soit évaluée par les enseignants ou
par les élèves.
En aimant leurs élèves, les enseignants semblent bien susceptibles
d’influencer positivement leurs apprentissages et leur développement.
Il s’agit d’une attitude engageante pour les enseignants. Sur le plan
cognitif, l’amour mobilise d’importantes ressources d’attention, en
classe mais également hors des temps d’interaction avec les élèves. Sur
le plan comportemental, cela conduit à se rendre disponible et à mettre
en œuvre un grand nombre de comportements de soutien.
Surtout, l’amour est aussi une attitude engageante sur le plan émotionnel,
qui implique de ressentir du plaisir à passer du temps avec ses élèves
et d’être authentiquement affecté par leurs réussites ou leurs échecs.
source: https://theconversation.com
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