samedi 7 mars 2020

LE PANTALON: OUTIL DE POUVOIR POUR LES FEMMES

Depuis le mouvement #MeToo, les débats sur la manière dont les femmes et les hommes abordent la dynamique du pouvoir dans leurs vies personnelles et professionnelles ne cessent d’être abordés, et ce, y compris en surface, dans leurs tenues vestimentaires.
À quelques jours du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, nous revenons sur l’un de ces vêtements, le pantalon, qui a particulièrement eu un rôle symbolique dans l’émancipation des femmes.

Look androgyne

Hors des podiums, la marque Ann Taylor a lancé il y a deux ans sa campagne Pants Are Power. Selon la maison de couture, elle “rend hommage à l’évolution du pantalon dans la mode mais aussi à ce vêtement en tant que symbole d’égalité pour les femmes”. La question “Qui porte la culotte dans le couple?” n’est donc plus simplement métaphorique.
L’acceptation sociale des femmes en pantalon est relativement récente (dans une société contrôlée par le patriarcat). On connaît bien sûr Jeanne d’Arc qui, en revêtant une armure comme moyen de dissuasion contre le viol, s’est travestie en homme et a fini sur le bûcher, en partie à cause de cela. En 1850, Amelia Bloomer, militante des droits des femmes, a popularisé le bloomer, pantalon ample, créé par Elizabeth Smith Miller, qui tombe jusqu’aux genoux ou aux chevilles. Au XX siècle, le port du pantalon par les femmes se limitait à certaines circonstances, comme les pantalons de cyclisme, explique Emma McClendon, conservatrice adjointe au Musée du Fashion Institute of Technology de New York. Dans les années 1920 et 1930, des stars comme Marlene Dietrich ont osé porter des tailleurs-pantalons aux premières de films (Dietrich était habillée par Gabrielle Chanel) et on disait de Katharine Hepburn que sa plus grande audace était de porter un pantalon.
Mais, en tant que stars, souligne Emma McClendon, ces deux femmes pouvaient se permettre d’adopter des looks androgynes sans véritables conséquences, tandis que les femmes ordinaires auraient été condamnées à une amende, conformément aux lois édictées par les hommes. En France, les femmes avaient besoin d’une autorisation pour “s’habiller comme un homme” dans le cadre professionnel, pour faire du vélo ou monter à cheval. Si la loi n’était pas appliquée depuis plus d’un siècle, elle n’a été abolie qu’en 2013. En 1939, à Los Angeles, une femme a été jetée en prison pour avoir porté un pantalon au tribunal, le juge le considérant comme une atteinte au bon déroulement de l’audience en cours. Le Congrès américain a interdit aux femmes de porter un pantalon au Sénat jusqu’à ce que la “révolte” de 1993 annule cette règle archaïque.

Des avancées ou pas

Il serait naïf de penser que les vêtements féminins n’obéissent à aucune règle aujourd’hui: en 2009, une femme soudanaise a été condamnée à une amende (mais a évité le fouet) pour avoir porté un pantalon vert, en violation des “lois sur la décence publique”. Une règle adoptée en 2017 pour les golfeuses professionnelles stipulait qu’elles pouvaient être condamnées à une amende pour le port de leggings. Certains considèrent d’ailleurs ces derniers comme un pantalon anti-pantalons, aussi oppressants que les corsets et les robes, selon un éditorialiste du New York Times dont la tribune “Le pantalon de yoga est mauvais pour les femmes” a déclenché une controverse. Voilà où on en est.
 Bien sûr, il y a eu des avancées politiques et vestimentaires. Levi’s, porte-drapeau américain du jean à travers l’image du cow-boy, a créé le Freedom-Alls il y a exactement un siècle, puis le Lady Levi’s.
“Apparu l’année de la victoire de 1918, le Freedom-Alls y fait référence dans son nom, tout en suggérant la libération du vestiaire féminin puisqu’il offrait aux femmes une nouvelle tenue une-pièce pour profiter de nouvelles activités de plein air comme la randonnée ou la conduite, ou pour faire le ménage”, explique Tracey Panek, historienne de Levi Strauss & Co.

Mannequins en pantalon

Dans le monde de la mode avec un grand M, Yves Saint Laurent est sans doute celui qui a le plus œuvré pour la libération du corps de la femme, jusqu’alors corseté dans des robes.
“Il a fallu attendre les années 1960 et 1970 pour constater une véritable rupture dans l’histoire de la mode féminine”, reprend Emma McClendon. “Yves Saint Laurent a énormément contribué à ouvrir la voie du pantalon aux femmes en leur permettant de le porter en toute occasion: smokings, tenues de soirée, tailleurs-pantalons-sahariennes pour les safaris… Il était révolutionnaire dans la mesure où il ne féminisait pas du tout ce vêtement, et qu’il a mis littéralement les femmes dans des tenues masculines, présentant différents archétypes de la masculinité et de la féminité.”
André Courrèges a lui aussi contribué à ce mouvement, avant même le smoking d’Yves Saint Laurent en 1966. Au printemps 1964, il habillait ses mannequins en pantalon et bottes à talons plats, et encourageait le port du pantalon au quotidien.
Des pionniers qui ont permis à la culture pop de donner naissance à des moments emblématiques: le look androgyne de Diane Keaton dans Annie Hall en 1977, ou Brooke Shields dans le spot publicitaire de la marque Calvin Klein en 1980.
“Les vêtements se sont érigés comme frontière pour l’activisme politique”, explique Emma McClendon, avant d’ajouter: “Nous sommes de plus en plus conscients de la dynamique du pouvoir qui leur est inhérente.”
Source:  www.huffingtonpost.fr

3 commentaires:

  1. Bonjour, je suis Carmen León et j’ai lu l’article.

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  2. Bonjour! J'ai lu l'article.

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  3. Bonjour!
    Je suis Clara Aperador et j'ai lu l'article

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