Depuis le mouvement #MeToo,
les débats sur la manière dont les femmes et les hommes abordent la
dynamique du pouvoir dans leurs vies personnelles et professionnelles ne
cessent d’être abordés, et ce, y compris en surface, dans leurs tenues
vestimentaires.
À quelques jours du 8 mars, journée internationale des droits des femmes,
nous revenons sur l’un de ces vêtements, le pantalon, qui a
particulièrement eu un rôle symbolique dans l’émancipation des femmes.
Look androgyne
Hors des podiums, la marque Ann Taylor a lancé il y a deux ans sa campagne Pants Are Power.
Selon la maison de couture, elle “rend hommage à l’évolution du
pantalon dans la mode mais aussi à ce vêtement en tant que symbole
d’égalité pour les femmes”. La question “Qui porte la culotte dans le
couple?” n’est donc plus simplement métaphorique.
L’acceptation sociale des
femmes en pantalon est relativement récente (dans une société contrôlée
par le patriarcat). On connaît bien sûr Jeanne d’Arc qui, en revêtant
une armure comme moyen de dissuasion contre le viol, s’est travestie en
homme et a fini sur le bûcher, en partie à cause de cela. En 1850,
Amelia Bloomer, militante des droits des femmes, a popularisé le bloomer,
pantalon ample, créé par Elizabeth Smith Miller, qui tombe jusqu’aux
genoux ou aux chevilles. Au XX siècle, le port du pantalon par les
femmes se limitait à certaines circonstances, comme les pantalons de
cyclisme, explique Emma McClendon, conservatrice adjointe au Musée du
Fashion Institute of Technology de New York. Dans les années 1920 et
1930, des stars comme Marlene Dietrich ont osé porter des
tailleurs-pantalons aux premières de films (Dietrich était habillée par
Gabrielle Chanel) et on disait de Katharine Hepburn que sa plus grande audace était de porter un pantalon.
Mais,
en tant que stars, souligne Emma McClendon, ces deux femmes pouvaient
se permettre d’adopter des looks androgynes sans véritables
conséquences, tandis que les femmes ordinaires auraient été condamnées à
une amende, conformément aux lois édictées par les hommes. En France,
les femmes avaient besoin d’une autorisation pour “s’habiller comme un
homme” dans le cadre professionnel, pour faire du vélo ou monter à
cheval. Si la loi n’était pas appliquée depuis plus d’un siècle, elle
n’a été abolie qu’en 2013. En 1939, à Los Angeles,
une femme a été jetée en prison pour avoir porté un pantalon au
tribunal, le juge le considérant comme une atteinte au bon déroulement
de l’audience en cours. Le Congrès américain a interdit aux femmes de
porter un pantalon au Sénat jusqu’à ce que la “révolte” de 1993 annule cette règle archaïque.
Il serait naïf de penser que les vêtements féminins
n’obéissent à aucune règle aujourd’hui: en 2009, une femme soudanaise a
été condamnée à une amende (mais a évité le fouet) pour avoir porté un pantalon vert,
en violation des “lois sur la décence publique”. Une règle adoptée en
2017 pour les golfeuses professionnelles stipulait qu’elles pouvaient
être condamnées à une amende pour le port de leggings.
Certains considèrent d’ailleurs ces derniers comme un pantalon
anti-pantalons, aussi oppressants que les corsets et les robes, selon un
éditorialiste du New York Times dont la tribune “Le pantalon de yoga est mauvais pour les femmes” a déclenché une controverse. Voilà où on en est.
Bien sûr, il y a eu des avancées politiques et vestimentaires. Levi’s, porte-drapeau américain du jean à travers l’image du cow-boy, a créé le Freedom-Alls il y a exactement un siècle, puis le Lady Levi’s.
Des avancées ou pas

Bien sûr, il y a eu des avancées politiques et vestimentaires. Levi’s, porte-drapeau américain du jean à travers l’image du cow-boy, a créé le Freedom-Alls il y a exactement un siècle, puis le Lady Levi’s.
“Apparu
l’année de la victoire de 1918, le Freedom-Alls y fait référence dans
son nom, tout en suggérant la libération du vestiaire féminin puisqu’il
offrait aux femmes une nouvelle tenue une-pièce pour profiter de
nouvelles activités de plein air comme la randonnée ou la conduite, ou
pour faire le ménage”, explique Tracey Panek, historienne de Levi
Strauss & Co.
Mannequins en pantalon
Dans
le monde de la mode avec un grand M, Yves Saint Laurent est sans doute
celui qui a le plus œuvré pour la libération du corps de la femme,
jusqu’alors corseté dans des robes.
“Il a fallu attendre les
années 1960 et 1970 pour constater une véritable rupture dans l’histoire
de la mode féminine”, reprend Emma McClendon. “Yves Saint Laurent a
énormément contribué à ouvrir la voie du pantalon aux femmes en leur
permettant de le porter en toute occasion: smokings, tenues de soirée,
tailleurs-pantalons-sahariennes pour les safaris… Il était
révolutionnaire dans la mesure où il ne féminisait pas du tout ce
vêtement, et qu’il a mis littéralement les femmes dans des tenues
masculines, présentant différents archétypes de la masculinité et de la
féminité.”
André
Courrèges a lui aussi contribué à ce mouvement, avant même le smoking
d’Yves Saint Laurent en 1966. Au printemps 1964, il habillait ses
mannequins en pantalon et bottes à talons plats, et encourageait le port du pantalon au quotidien.
Des
pionniers qui ont permis à la culture pop de donner naissance à des
moments emblématiques: le look androgyne de Diane Keaton dans Annie Hall en 1977, ou Brooke Shields dans le spot publicitaire de la marque
Calvin Klein en 1980.
“Les
vêtements se sont érigés comme frontière pour l’activisme politique”,
explique Emma McClendon, avant d’ajouter: “Nous sommes de plus en plus
conscients de la dynamique du pouvoir qui leur est inhérente.”
Source: www.huffingtonpost.fr
Bonjour, je suis Carmen León et j’ai lu l’article.
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