mardi 26 novembre 2019

LE TEMPS DES ADOLESCENTS

L'anthropologue David Le Breton étudie depuis des années l'âge adolescent, le rapport particulier au risque qu'on peut avoir à cet âge. C'est aussi un marcheur qui a fait l'éloge de la lenteur à travers ses livres qui interrogent le rapport contemporain au temps et les temporalités qui structurent nos vies. Il était l'invité de Louise Tourret dans l'émission Etre et savoir.

D'après David Le Breton le temps adolescent est vraiment rivé sur le présent, avec une grande difficulté à intégrer l'avenir. Pourtant beaucoup d'adolescents vivent des journées relativement contrastées, avec des moments d'hyperactivité, des moments de suspension, d'autres d'oisiveté. En quelque sorte, des moments d'accélération et de ralentissements. 
L'une des grandes caractéristiques de la temporalité adolescente, c'est la désynchronisation, un refus des temporalités et des ritualités adultes et une volonté de vivre un temps à soi. Même si ce temps va être en décalage avec celui des parents ou des frères et des sœurs, et même si cette désynchronisation risque fort de perturber profondément les rythmes familiaux. Le jeune impose de cette manière son désir d'autonomie, d'indépendance.
Ce n'est pas toujours facile à gérer pour les parents, mais aussi pour les enseignants, pour les animateurs, pour les entraîneurs sportifs, éventuellement. En outre, les nouvelles technologies multiplient le rapport au temps. Elles favorisent des échappées belles, des manières de s'extraire des rythmes sociaux qui lui sont extérieurs en s'immergeant dans son propre temps, en multipliant les mondes qui peuvent être contenus dans le temps à travers un zapping permanent, à travers une quête d'ubiquité. Multiplier les mondes, être partout à la fois. Ne plus être limité par l'espace, par un emploi du temps, mais essayer d'être d'une certaine manière, partout à la fois.
Il y a une contradiction nette entre le temps des adolescents et le temps des parents. Le temps des parents, c'est aussi un temps d'adulte qui inclut en permanence l'avenir, l'organisation des tâches, donc la projection dans la durée. Mais surtout aussi dans leur responsabilité éducative. Les parents ont le souci de l'intégration sociale de leurs enfants, qui les amène parfois à une espèce de tyrannie des résultats scolaires ou des projets.
C'est une surveillance inlassable du temps de l'adolescent, alors que lui a du mal à voir au-delà de l'instant qu'il vit ou au-delà même du jour. Il faudrait donc construire une espèce de dialectique, dans cette reconnaissance du temps de l'adolescent qui est vraiment immergé dans le moment qui est là, et le temps également des adultes. 
www.franceculture.fr

3 commentaires:

  1. Bonjour, je suis Carmen León et j’ai lu le texte.

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  2. Bon après-midi. J’ai lu cet article et je trouve que tous les adolescents ne passent pas son temps à penser jusqu’au jour... mais c’est un point intéressant

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  3. Je suis David Ariza et j’ai lu l’article!

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