L'anthropologue David Le Breton étudie depuis des années l'âge
adolescent, le rapport particulier au risque qu'on peut avoir à cet âge.
C'est aussi un marcheur qui a fait l'éloge de la lenteur à travers ses
livres qui interrogent le rapport contemporain au temps et les
temporalités qui structurent nos vies. Il était l'invité de Louise Tourret dans l'émission Etre et savoir.
D'après David Le Breton le temps adolescent est vraiment rivé sur le
présent, avec une grande difficulté à intégrer l'avenir. Pourtant beaucoup d'adolescents vivent des journées relativement
contrastées, avec des moments d'hyperactivité, des moments de
suspension, d'autres d'oisiveté. En quelque sorte, des moments
d'accélération et de ralentissements.
L'une des grandes caractéristiques de la
temporalité adolescente, c'est la désynchronisation, un
refus des temporalités et des ritualités adultes et une volonté de vivre un temps à soi. Même si ce temps
va être en décalage avec celui des parents ou des frères et des sœurs,
et même si cette désynchronisation risque fort de perturber profondément
les rythmes familiaux. Le jeune impose de cette manière son désir
d'autonomie, d'indépendance.
Ce n'est pas toujours facile à gérer pour les parents, mais aussi
pour les enseignants, pour les animateurs, pour les entraîneurs
sportifs, éventuellement. En outre, les nouvelles technologies
multiplient le rapport au temps. Elles favorisent des échappées belles,
des manières de s'extraire des rythmes sociaux qui lui sont extérieurs
en s'immergeant dans son propre temps, en multipliant les mondes qui
peuvent être contenus dans le temps à travers un zapping permanent, à
travers une quête d'ubiquité. Multiplier les mondes, être partout à la
fois. Ne plus être limité par l'espace, par un emploi du temps, mais
essayer d'être d'une certaine manière, partout à la fois.
Il y a une contradiction nette entre le temps des adolescents et le
temps des parents. Le temps des parents, c'est aussi un temps d'adulte
qui inclut en permanence l'avenir, l'organisation des tâches, donc la
projection dans la durée. Mais surtout aussi dans leur responsabilité
éducative. Les parents ont le souci de l'intégration sociale de leurs
enfants, qui les amène parfois à une espèce de tyrannie des résultats
scolaires ou des projets.
C'est une surveillance inlassable du temps de l'adolescent, alors que
lui a du mal à voir au-delà de l'instant qu'il vit ou au-delà même du
jour. Il faudrait donc construire une espèce de dialectique, dans cette
reconnaissance du temps de l'adolescent qui est vraiment immergé dans le
moment qui est là, et le temps également des adultes.
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Bonjour, je suis Carmen León et j’ai lu le texte.
RépondreSupprimerBon après-midi. J’ai lu cet article et je trouve que tous les adolescents ne passent pas son temps à penser jusqu’au jour... mais c’est un point intéressant
RépondreSupprimerJe suis David Ariza et j’ai lu l’article!
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